Ramesses – Possessed By The Rise Of Magik

Ce billet aurait pu aisément s’appeler différemment :

Book Musik Of Black Magic And Of Pacts, Diabolus in Musica, Noir c’est noir, et autres conneries dans le genre.

Ca tombe bien aujourd’hui est une journée de merde, le type de journée où vous avez le cafard de bout en bout et que rien ne vous remontera le moral. Alors autant broyer du noir à fond.

Et pour ça, j’ai la recette idéale :

1/ vous vous isolez et si votre femme vient essayer de vous remonter le morale, ben vous bougonner sans répits jusqu’à ce qu’elle aille se mettre au lit avec un bouquin,

2/ vous invitez sur votre bide le chat de  9 kg qui perd ses poils et qui bave en enfonçant de contentement ses griffes dans vos tétons,

3/ vous ouvrez (enfin) le troisième tome de Blast de Manu Larcenet,

4/ vous sortez ce 2LP dont vous venez d’acheter une copie mais qui vous fait un peu flipper à la vue des critiques.  Vous le lancez, ne mettez qu’une faible lumière et vous vous laissez aller.

A partir de là, c’est bon, vous y êtes, vous vous enfoncez dans le noir le plus total. Dès les premières notes, vous lâchez le bouquin, fermez les yeux et vous pouvez vous laisser entrainer dans un univers sombre et malsain car cet album l’est. Indubitablement. Viscéralement.

Ce qui frappe en premier est forcément le son. Brut, crade, à la limite de la prise de son directe sans mixage. On a l’impression de tomber sur une sorte d’enregistrement fait à l’insu du groupe. Du gros doom pour officier lors d’un sabbath noir. Rien de particulièrement original mais toujours efficace. La batterie, quant à elle, est énorme. Elle renforce comme il faut les cordes, reste subtil mais parfaitement maitrisée.

C’est lourd, c’est lent, tantôt le chant est plaintif, tantôt il est primal, toujours à la limite du compréhensible et parfois de l’audible. Les textes sont durs, sombres, hypnotiques. Un certain désespoir transpire de ce skeud. Pas un truc genre je traine mon spleen à la Entretien avec un vampire mais plus dans l’esprit “de toute façon, c’est foutu”. Une écoute entière est, pour ma part, assez dur. Mais l’ensemble est cohérent.

C’est vraiment un expérience auditive , voire sensorielle, particulière que j’aurais du mal à proposer à tous le monde. Après, pour ceux qui sont bien dans leur basket, et qui sont à la recherche d’autres choses, cet album est vraiment à découvrir.

 

Petit bémol à la con. Le vinyl présente un joli packaging très occulte mais, à mon goût, il aurait été plus judicieux de garder la pochette du CD comme couverture (on la retrouve néanmoins à l’interieur du livret) histoire de bien marquer le coup et de bien faire comprendre au potentiel auditeur à quel type d’objet il aurait avoir à faire.


Non, ce n’est pas une crise « financière »

Depuis le début, la crise est décrite comme une crise « financière ». Pourtant, on devrait dire crise capitaliste, et ce n’est pas qu’une bête question de sémantique.

Le mécanisme à l’œuvre dans la crise est ancré dans le fonctionnement banal du capitalisme, dont la finance n’est qu’un appendice.

On peut s’en apercevoir même en payant son loyer. Voici comment.

Pour beaucoup de gens, l’intégralité des revenus proviennent directement du travail.

Mais ce n’est pas le cas d’un propriétaire qui met un bien immobilier en location. Une partie des revenus de ce propriétaire provient alors du loyer qu’il perçoit de son locataire. Que perçoit-il réellement ? Il perçoit un retour sur investissements (l’achat de son bien immobilier), mais il est encore plus juste de dire qu’il ponctionne directement une partie des revenus du travail de son locataire, c’est-à-dire des revenus qu’il n’a pas gagnés lui-même.

C’est affreusement banal mais bien le reflet du but même du capitalisme. Plus on monte dans la société, moins les revenus reposent sur le travail. Les revenus des bourgeois proviennent moins de leur travail que de leurs rentes, de leurs placements financiers, de leurs retours sur investissements, bref du capital lui-même. Finalement, d’un strict point de vue capitaliste, il vaut mieux compter sur les revenus très rentables du capital que sur les revenus du travail (qui progressent bien souvent moins vite que l’inflation).

La même logique vaut pour les entreprises.

Dans un système hautement concurrentiel, une entreprise tend à compter sur la plus-value de ses placements financiers plutôt que sur la richesse provenant du travail de ses salariés.

Alors pourquoi la crise est-elle inévitable ? Parce que la spéculation financière est en définitive une spéculation sur le travail lui-même. Les placements financiers peuvent un temps fantasmer sur un système autosuffisant mais ils sont immanquablement rattrapés par la réalité du travail. La finance ne gagnerait rien sans les revenus du travail.

Or l’environnement concurrentiel du capitalisme favorise la formation de monopoles et accentue la pression sur le travail dans un marché de l’emploi anémié. Se faisant, le capitalisme compte sur la spéculation financière tout en se privant du seul producteur concret de richesses capable de l’alimenter, à savoir le travail. D’où la crise.

Le capitalisme est non seulement un cannibale mais un auto-cannibale qui veut grossir tout en se dévorant lui-même.

Après tout cela, on comprend pourquoi la crise dite « financière » est en réalité ni plus ni moins qu’une crise capitaliste, la finance n’étant que le moyen pour le capital d’accomplir son but, à savoir se démultiplier à partir de lui-même.

Mais parler de crise « financière » n’est pas anodin. En effet, cette formulation éloigne d’une compréhension réaliste et favorise une vision dégoulinante de populisme. La finance est froide, invisible et « pas de chez nous ». L’ennemi devient ainsi une finance « sans visage », « apatride », « cosmopolite » qui complote contre l’intégrité des nations.

Cosmopolite, apatride, complot… Inutile d’être grand clerc pour repérer les poncifs de l’antisémitisme et le terreau fertile du fascisme.

Tout ça pour dire que crise « financière », ça rime à rien. Pensez-y la prochaine fois que vous paierez votre loyer !


Larman Clamor – Frogs

Un nom con certes mais quel classe ce teuton.

Larman Clamor de son vrai nom Alexander on Wieding est surtout connu pour ces artworks que l’on retrouve beaucoup dans les productions Small Stone et même chez de grosses pointures (Monster Magnet, Karma to Burn, …).

Mais il fait aussi de la musique. Bien même.

Son album Frogs est assez étrange à dire vrai. Un bon gros blues/stoner qu’on attend pas forcément de quelqu’un venant de teutonie mais il réussit à maîtriser à merveille l’ambiance « Mud » des albums produits au fin fond du bayou.

Le vinyl, de couleur vert marais, est fourni avec un livret de 20 pages franchement joli.


Frigide Barjot a raison

On ne devrait pas (on n’aurait jamais du même) modifier le code civil.

Cela aurait evité des abhérrations telles que :
– les femmes d’être capables juridiquement,
– de pouvoir voter,
– de pratiquer l’ivg,
– et bien d’autres choses encore …

Franchement, tout fout le camp.

 


Ma femme lit Elle …

…mais je l’aime quand même.
Ca détend qu’elle dit. Je veux bien la croire, je le lis lors de mes constipations chroniques.
Et cette semaine, un reportage d’investigation (comme d’hab) sur le thème « je gagne plus que lui, comment vivre cette situation ».

Ma femme gagne (et a toujours gagné) plus d’argent que moi.

Je vais bien, merci.

Non, mon honneur de Mâle n’en souffre pas et ma Virilité est intacte.

Même au sein de ma famille (qui est loin de la famille Le Quesnoy) ma mère m’a demandé (il y quelques années) si « j’assumais ».
J’assume. Très bien, même.

J’ai même rencontré au fil de ma vie des mecs de mon âge que ça semblait déranger. Merde, c’est pas possible de nos jours d’être aussi con que ça. Je trouve quand même ce type de réactions complétement débiles et anachroniques mais le sujet fait débat semble t-il.

Pourquoi cela ne me touche pas ?
Premièrement, heureusement qu’elle gagne plus que moi à la vue de mon salaire. Et encore, ça va mieux depuis que je suis passé du côté clair de la force (= fonction publique) mais avant je touchais un joli SMIC alors s’il avait fallu vivre avec moins de 2000€/mois, je vois pas comment j’aurais pu tirer satisfaction de ce type situation. (ouais, ce soir, c’est pâtes et pain pour le sixième jour consecutif mais bon Moi Homme, elle, femme. AAAArgh)
Ensuite, et cela me semble fondamental, on est au 21 ième siècle! Merde, les mecs que ça gène doivent être franchement rétrograde mais je pense que si ce type de comportement existe encore, on ne peut que remercier notre jolie éducation judéo-crétine.

Quoiqu’il en soit, je n’ai qu’un conseil à donner aux couples qui vivent cette situation : mesdames, cassez vous.


Les déménagements

Toute une histoire!

Il y a évidemment les cartons à préparer, annoter, entasser avant le jour J. Le truc est de faire en sorte de ne pas emballer dans le carton du dessous LE gadget poussiéreux dont on a ABSOLUMENT besoin pour démonter le lit des enfants… Bref. Ça, c’est ce à quoi on pense tout de suite quand on parle de déménagement.

Mais il y a aussi toutes les gourdasses à qui il faut téléphoner (je pense à la banque, l’assurance…) pour signaler le changement d’adresse et qui demandent 28 photocopies à envoyer par courrier pour justifier. Il y en a même une qui m’a demandé de rédiger une attestation d’hébergement pour G. (mon époux anonyme 😉 ), sachant qu’elle m’avait déjà demandé le bail (à nos deux noms) et le livret de famille (et qu’une des obligations du mariage, c’est d’habiter ensemble)…! NON MAIS SANS DÉCONNER???

Il y a aussi les « déménageurs » (comprendre les collègues, copains, beaux-frères, voisins…) qu’il faut nourrir/hydrater à coup de sandwichs/heineken. Note pour plus tard: faire bien attention à ne pas trop les hydrater d’ailleurs, sous peine de voir son canapé tanguer dangereusement dans la cage d’escalier, et le « déménageur » du haut se casser la gueule (sous le canapé) parce qu’il s’est emmêlé les crayons… Ah on a rit, on a bien rit!

Bon, j’ai une certaine tendresse pour le « collègue » qui appelle le dimanche matin du déménagement à 9h pour DEMANDER s’il peut venir aider (avec sa ceinture abdominale, cacedédi à Yossarian…), et qui part en disant « ça fait du bien de voir des gens le dimanche »… Waow.

Et je garde le meilleur pour la fin: le déménagement de l’abonnement internet! Alors là c’est vraiment bon! Quand on s’installe après des vieux (qui n’y connaissent rien, donc), ça prend beaucoup de temps. Bah oui, tout simplement parce qu’ils ne font AUCUNE démarche, et attendent que ça se fasse tout seul… Du coup, voilà la patronne obligée d’aller poireauter 1h30 dans une boutique Orange, munie de son bail (toujours lui) et de sa carte d’identité, pour exiger l’écrasement de l’ancienne ligne (et crac, 55 euros au passage!).

Enfin, ça valait le coup, on est comme des coqs en pâte.


Pet The Preacher – The Banjo

Rhôooo, j’suis chaud moi.

Le groupe d’avant m’a tellement excité que je ne peux m’empêcher de vous faire part d’un autre groupe dont j’attends fébrilement le skeud : Pet The Preacher – The Banjo

Je sais pas trop d’où ils sortent mais au final on s’en fout un peu. L’album suit le parcours d’un homme qui combat ses démons. C’est direct, ça groove et les oreilles aiment ça

En vente chez Kozmik Artifactz. Artwork génial par SinEater


The Brought Low

Je parlais hier de la difficulté de pondre un billet mais aujourd’hui je me lance sans trop cogiter histoire de faire partager cette pépite que je viens de découvrir au cours de mes pérégrinations sur la toile.

Southern/Stoner rock. Big up pour la voix du chanteur.

Groupe signé sur SmallStone Records – le pressage vinyle ne devrait pas tarder à arriver.

Et une deuxième à en chialer de plaisir


Le comble du comble?

Il me passe toujours mille idées par la tête.

Des idées de billets notamment, le reste n’ayant d’intérêt que pour moi (mieux vaut qu’il en reste ainsi par ailleurs).

Alors je commence à écrire.

Et très souvent, arriver à la fin de deuxième paragraphe, je lâche l’affaire.

J’emmagasine les brouillons. Beaucoup de musique notamment.

Il faut dire qu’autant j’aime découvrir et écouter de la musique autant je galère à mettre des mots dessus. Hormis “mortel” ou “c’est de la merde”, ce qui niveau critique constructive est d’un niveau digne d’un cm2 voire d’un joueur de foot en analyse après match, je patauge sec. L‘exercice d’écriture est réellement difficile. Je me trouve par exemple très répétitifs : “bon album”, “groupe qui envoie du bois/du caillou/de la mousse (pourquoi pas)”, etc … et au final pas accrocheur pour un sou.

Pourtant du son j’en ai à gogo à faire partager et des moignons de billets presque autant : le denier Down, Colour Haze, Witchcraft, Pet The Preacher, Eggnogg, Cortez, Lo-Pan, Larman Clamor et ainsi de suite.

Mais rien ne sort.

Ce qui est quand même un peu couillon pour quelqu’un qui tient un blog.


Mitt Romney, les mormons et Twilight

Pendant la campagne présidentielle américaine qui vient de s’achever, les médias ont évoqué l’affiliation du candidat républicain Mitt Romney au mormonisme, en se focalisant sur le rigorisme des pratiques de cette religion (abstinence avant le mariage, interdiction de l’alcool et du tabac notamment).

Mais le mormonisme ne se résume pas à cela, loin de là.

Comme pour toute chose, il est utile de remettre le mormonisme dans le contexte historique de son apparition.

En fait, le mormonisme vise à légitimer – par le biais d’élucubrations mystiques – l’ancrage historique des hommes blancs occidentaux en Amérique du Nord et la construction moderne des Etats-Unis d’Amérique.

En bref, dans le délire mormon, les habitants du continent américain seraient les lointains descendants de peuples frères ayant quitté Jérusalem (sur ordre divin !) et atteint l’Amérique au sixième siècle avant notre ère.

Toujours selon la religion mormone, deux de ces peuples, les Néphites et les Lamanites, se sont livrées une guerre sans merci sur le continent américain. En gros, les Néphites sont les gentils qui suivent les préceptes divins alors que les Lamanites sont les méchants qui se rebellent contre ces mêmes préceptes.

Les Lamanites sont tellement « souillés » moralement que leur peau noircit. Il ne s’agit pas là d’une allusion raciste parmi d’autres mais bien d’un élément essentiel de la religion mormone. En effet, les Lamanites à la peau sombre finissent par triompher et détruire complètement les Néphites à la peau claire.

Et ces Lamanites sont bien sûr censés être les principaux ancêtres des Amérindiens… jusqu’au jour où le nouveau prophète, héritier des Néphites, restaurera la « véritable » église, le « véritable message » du Christ. Pour les mormons, ce nouveau prophète est Joseph Smith qui, dans les années 1820, prétendit voir en apparition l’ange Moroni, dernier prophète Néphite et seul rescapé de son peuple décimé.

Ce dernier révéla à Smith l’emplacement de plaques d’or, annales du peuple Néphite transmises par Mormon, le père de Moroni.

Après les avoir prétendument traduites pour en tirer le « Livre des Mormons », Smith les restitua à Moroni, de sorte qu’il n’existe aucune preuve de leur existence à part le témoignage de onze personnes « privilégiées » qui sont très certainement les co-auteurs de cette gigantesque supercherie.

A la lecture de cette fable de charlatans, on voit bien que l’intérêt historique du mormonisme, dans le contexte du début du XIXe siècle, est d’inscrire la jeune nation américaine dans la continuité légitime des Néphites (supérieurs aux Lamanites, c’est-à-dire les Amérindiens).

Les Etats-Unis apparaissent ainsi comme le renouveau de l’ancienne Jérusalem, Joseph Smith allant même jusqu’à refonder une « nouvelle Sion » dans l’Etat du Missouri.

D’ailleurs, pour les Mormons, la constitution des Etats-Unis est tout bonnement d’inspiration divine.

Certes, ces croyances sont avant tout celles des Mormons. Pour autant, l’idée d’une nation « bénie », préservée, le concept de restauration de valeurs « sacrées » ont profondément imprégné les Etats-Unis jusqu’à aujourd’hui.

Il est par exemple intéressant de relever que la série de films Twilight, succès planétaire chez les ados, emprunte beaucoup au mormonisme. Rien de bien surprenant, l’auteure des best-sellers dont les films sont adaptés, Stephenie Meyer, étant  elle-même mormone.

Pourtant, on pourrait penser que le mythe hyper sexualisé des vampires s’accommoderait mal du rigorisme mormon. Voilà pourquoi Stephenie Meyer a considérablement aseptisé le mythe classique du vampire pour le rendre compatible avec une vision mormone de la société. Dans Twilight, Bella l’humaine et Edward le vampire filent le parfait amour mais Edward préserve sa dulcinée de devenir un vampire avant leur mariage. L’analogie avec l’observation stricte de l’abstinence prêchée par les Mormons avant le mariage est ici limpide.

Mais ce n’est pas le principal. Twilight défend aussi clairement l’idée du « potentiel divin » de l’humain auquel sont attachés les Mormons. Ainsi, Edward le vampire, doté de super pouvoirs, possède clairement un statut supérieur aux humains, de la même manière que les Mormons sont supposés atteindre un statut divin par la pratique de leur religion à la con.

Bref, Meyer a essayé mine de rien de départir le vampire de son image sulfureuse pour en faire l’incarnation d’un puritanisme religieux à forte connotation mormone. Ni vu ni connu, Meyer a transformé les vampires en gros réacs ! Bel exemple pour la jeunesse ! Rendez-nous Christopher Lee !